Démarche

Génèse du projet

Durant la fête des fours dans le Coglais en 2013, nous avons découvert l’existence d’un film baptisé « Coglais 1968 ». La diffusion avait lieu sur des bancs de kermesse, dans une grange, le film tournait en boucle dans un écran plat. Les gens se relayaient sur les bancs et chacun y allait de son commentaire. On y reconnaissait Untel,  Unetelle et d’autres encore.  Ces images du Coglais d’hier nous ont intrigué et nous avons voulu en savoir plus. Le fermier, hôte des lieux, nous a confié avoir récupéré sa copie du film auprès de l’Association du Coglais. Nous avons pris contact avec l’association historique et nous ainsi avons pu revoir « Coglais 68 ». Le film se livre à un véritable diagnostic du territoire. Le Coglais est la matière du film, le sujet : un objet pris en main et tourné dans tous les sens pour en apprécier les contours, les tenants et les aboutissant, les limites et les possibilités, les pourquoi et les comment, les avant et les après… Le sujet est vaste et les différents personnages du film sont intarissables.

Un autre aspect a attiré notre attention : au générique du film, nous avons pu constater que le film aurait été réalisé par un groupe de jeunes. Nous avons tout de suite senti un écho avec la méthode de travail que nous avons pu développer sur certains de nos projets et qui consiste à associer un groupe autour du projet commun de réalisation d’un film. L’idée a germé en un éclat : pourquoi ne pas faire aujourd’hui de même ? Pourquoi ne pas faire, presque 50 ans plus tard, en 2015, un film sur le Coglais ?

Le film de 1968 est un témoignage, un état des lieux du Coglais d’alors et le lieu de l’expression de perspectives. La question sous-jacente est, tout simplement Quel Coglais pour demain ? Aujourd’hui, environ un demi-siècle plus tard, nous avons l’intuition que ce premier film compose une base, un terreau propice à la réalisation d’un nouveau film. Lors de la projection publique du film de 1968 durant la fête des fours de mai 2013, nous avons pu constater que les spectateurs se sont spontanément prêtés à un jeu d’enquête. Certains reconnaissaient des lieux et d’autres, des visages. Pour le film à construire aujourd’hui, nous envisageons de fonctionner sur une dynamique d’enquête menée par un groupe d’habitants, soutenus par des professionnels de la réalisation audiovisuelle. Les habitants, transformés en documentaristes pour l’occasion, iront à la rencontre de celles et ceux qui durant le mois d’avril 1968 ont contribué à la réalisation de ce premier film tourné en 16 mm. Ce prétexte de création de film initiera des rencontres intergénérationnelles et sera le moyen de constater l’évolution du territoire. Ce constat nous amènera de fait à questionner le territoire tel qu’il est aujourd’hui, et par conséquent, invitera à penser le Coglais de demain.

Ce projet n’a aucun sens si nous n’associons pas les habitants et les acteurs du territoire.

Méthode

La réalisation d’un film est la combinaison de trois temps d’écriture. Premièrement, il s’agit d’une écriture papier-crayon. On discute, on échange, on croque, on dessine à grands traits puis on élabore, on rédige, on prépare. C’est le temps du découpage, du scénario, du repérage et des essais. La seconde étape découle logiquement : c’est le tournage. On manipule le matériel, on filme, on prend le son, on mène les interviews. C’est une écriture sur « pellicule ». On récolte images et sons. Le troisième temps est celui du montage. On assemble les matériaux récoltés, on coupe et on colle, on agrège les différentes séquences. Et le film prend forme, il se révèle en tant qu’objet cohérent. Il peut ensuite âtre présenté au public.

Dans le schéma classique de réalisation d’un film, il est une dimension essentielle du travail qui reste souvent cachée mais implicite : c’est celle de la conception du film. Nous faisons là référence à toutes ces étapes de travail qui consiste à discuter ensemble, se questionner collectivement, dialoguer, concevoir les séquences, préparer les entretiens, manipuler le matériel. Papier, crayons, caméras, pieds, lumières, perches son, câbles et autres éléments  restent, traditionnellement cachés. Notre démarche se distingue de cette façon de faire.

De manière très concrète, cela signifie que nous filmerons -et donnerons à voir dans le film final- les habitants au travail de création du film,  devant et derrière la caméra, assumant leur rôle de collecteurs de paroles et affirmant leur paternité du film à naître. Bien entendu, et c’est là tout l’intérêt de cette méthode, les trois temps d’écriture filmique seront mêlées et indissociables dans le film fini. Notre rôle de professionnels sera d’accompagner les habitants du Coglais dans ces différentes étapes de création.

Pour réaliser ensemble un « portrait de territoire », les thématiques de questionnement sont multiples. Il serait inopportun des les définir en amont car cela ne permettrait que ce film soit véritablement celui du groupe d’habitants. Ils doivent être associés dès la racine de la réflexion, notre rôle est de les former aux techniques audiovisuelles et à l’écriture documentaire pour les accompagner.

Ce qui compte par ce film c’est de donner à voir ce que les habitants qui vivent aujourd’hui sur ce territoire observent… C’est en tout cas ce que donne à voir le film de 1968 et ce qui nous a semblé intéressant. À l’époque où les granitiers du Coglais façonnaient les pavés, bientôt célèbres, des rues de Paris, le Coglais était différent mais il était déjà le Coglais et, sans doute, contenait-il en lui, caché, le Coglais d’aujourd’hui. Ainsi, les témoignages de celles et ceux qui ont alors accepté de participer au film de 1968 nous permettent une meilleure compréhension des enjeux actuels. Ce trait d’union de presque 50 ans invite aussi à relativiser les enjeux du quotidien. La mise en perspective du passé offre les clefs de compréhension du présent. Mener l’expérience de la confrontation d’hier et d’aujourd’hui est aussi la clef pour imaginer demain.

Il est déjà à entrevoir que les projections publiques du film qui pourrait être réalisé permettront, dans un échange avec les spectateurs, d’élargir le débat.

Déroulement du projet

Nous avons décider de partitionner le projet en trois temps :

1. Diagnostic. Diffusions en double programme : le film de 1968 + 1 film du catalogue POINT BARRE. Sensibilisation et constitution d’un groupe d’habitants pour la réalisation du nouveau film.

2. Réalisation. A partir de mars 2015. Écriture, tournage et réalisation du nouveau film dans une démarche collaborative avec les habitants.

3. Diffusion. Présentation du film réalisé. La première aura lieu en septembre 2015.

L’équipe

L’ensemble de la réalisation sera coordonné par une équipe de professionnels.

Réalisation : Antonin Alloggio
Montage : Antonin Alloggio & Joël Martins Da Silva
Musique originale : Gaël Prigent

Antonin Alloggio et Joël Martins Da Silva sont tous deux réalisateurs et on leur doit notamment le projet « Avec les anciens, action ! » dont certains épisodes ont été réalisés dans le pays du Coglais.

Gaël Prigent a composé la musique originale de la bande-annonce dont le thème pourra être décliné dans le film à venir.